CABANON POINTU AU LIEUDIT GARUSE À SAIGNON (VAUCLUSE) "Cabanon pointu" at the place known as Garuse at Saignon, Vaucluse Christian Lassure
Sur un corps de base parallélépipédique, se développe en effet un couvrement en forme de pyramide étirée, aux quatre faces curvilignes et aux angles arrondis, coiffé d’un épi en forme d'obus.
L’entrée s’ouvre dans la face sud de l’édifice. Elle est couverte par un arc clavé surbaissé en moellons. Un des claveaux a son parement gravé du chiffre 8. Le pan de la pyramide qui est en façade débute en retrait par rapport au nu du mur inférieur, lequel est coiffé d’une arase de grandes dalles en saillie. Les autres éléments composant cet ensemble sont (de gauche à droite de la photo) : Non visible sur la première photo : au nord, un mur bas édifié contre l’arrière de la cabane et abritant un réduit couvert d’une grande dalle.
Intérieurement, la cabane abrite une pièce rectangulaire de 3 m 10 sur 3 m 70, dont la voûte encorbellée culmine à 4 m 45 (alors que la pyramide extérieure culmine à 6 m 75, épi compris). Les parois sont revêtues d’un enduit à la chaux. Une niche est réservée dans la paroi de droite en entrant. Les poutres d’un ancien plancher sont visibles à 2 m de hauteur environ. Les parois de l'étage sont enduites elles aussi, sauf dans le haut de la voûte. La dalle de fermeture porte une inscription. La comparaison avec des photos moins récentes fait apparaître l’obturation d’un orifice rectangulaire qui s’ouvrait dans la face avant de la pyramide au droit de l’entrée pour éclairer ou aérer l’étage au-dessus du plancher de poutres. De même, le mur haut de l’appentis a perdu quelques assises du fait de son escalade répétée par des curieux.
S’il est très photogénique et « couleur locale », le champ de lavande n’a toutefois rien à voir avec les cultures contemporaines de l’édification et l’exploitation de l’ensemble (vigne, arbres fruitiers, céréales ?). La consultation du cadastre ancien de la commune pourrait sans doute nous éclairer sur ce point. ANNEXE Un jugement consacre la liberté pour les photographes de photographier les biens immeubles Pour la petite histoire, cet ensemble est lié à la réaffirmation par les tribunaux du droit à l'image des biens immeubles. Trois copropriétaires de la cabane de Garuse qui poursuivaient un photographe et des éditeurs de cartes postales pour exploitation abusive de l'image de leur « borie » ont été déboutés par le tribunal de grande instance d'Avignon le vendredi 9 décembre [2006] : « Le propriétaire d'une chose ne dispose pas d'un droit exclusif sur l'image de celle-ci », précise le jugement, en accord avec un arrêt de la cour de cassation de mai 2004 qui avait établi que les propriétaires peuvent s'opposer à l'utilisation de l'image de leur bien par un tiers uniquement si elle leur cause « un trouble anormal ». Dans le cas de la « borie incriminée qui participe par son originalité archéologique au patrimoine régional », le tribunal estime que ses propriétaires n'ont « pas démontré l'existence d'un trouble anormal » causé par les cartes postales la représentant. « Ce jugement consacre la liberté pour les photographes de photographier les biens meubles et immeubles », a déclaré à l'AFP l'avocat de deux des éditeurs de cartes postales poursuivis et du Syndicat des professionnels de la carte postale, Me Gérard Ducrey. Il s'est dit satisfait de ce jugement dans « la dernière grande affaire de droit à l'image des biens qui restait encore devant les tribunaux » en France. L'avocat des plaignants, Me Eric Fortunet, s'est dit « déçu par ce jugement ». Ses clients n'ont pas encore décidé s'ils interjetteront appel. Ils ont été condamnés par le tribunal à verser 1000 euros de dommages et intérêts au photographe professionnel qu'ils poursuivaient ainsi qu'à un bureau-tabac d'Apt (Vaucluse) qu'ils accusaient de vendre la carte postale de leur « borie ». SOURCES * Erik Fannière et al., Bories, Parc naturel régional du Luberon, Édisud, 1994, en part. notice 26, pp. 157-161. * Notice rédigée pour le compte de l'Inventaire général et versée dans la base Mérimée le 20 juillet 1999. * Christian Lassure, avec Dominique Repérant (photographies), Les cabanes en pierre sèche de la France, Édisud, 2004, 248 p., p. 13. * Un jugement consacre la liberté pour les photographes de photographier les biens immeubles, Nouvelles du monde de l'architecture en pierre sèche, année 2006, 2e semestre, sur www.pierreseche.com * Commune de Saignon (Vaucluse), plan local d’urbanisme, diagnostic, version septembre 2016, 231 pages, p. 110 (Borie au lieu-dit de Garuse) (pdf) Pour imprimer, passer en format paysage © Christian Lassure Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure |