VICISSITUDES DES CABANES EN PIERRE SÈCHE

1 - Dégradations et destructions dues au passage répété de visiteurs

VICISSITUDES SUFFERED BY DRY STONE HUTS

1 - Havoc wrought by encroaching visitors

Christian Lassure

PHOTO 1

Sur ce cliché, pris au tout début du XXe siècle comme l’atteste la toilette de la visiteuse sur la droite, on voit une succession de trois bâtiments en pierre sèche, posés sur le rocher en bordure d’une doline étagée en banquettes, le dos à un impressionnant lapiaz. La scène se situe au Col du Clapier, dans la partie sud de la commune de Caussols, dans les Alpes-Maritimes. Le photographe n’est autre que Victor de Cessole (1), le découvreur des massifs montagneux de ce département.

À l’époque, les bâtiments sont déjà à l’abandon, les banquettes de terre artificielles sur lesquelles ils donnent, ne portent plus de cultures.

 

   

À gauche, la bâtisse longiforme (2), au pignon-façade arrondi, a perdu sa toiture, un simple versant de tuiles creuses d’après la différence de hauteur des murs longs et les fragments trouvés à l’intérieur. Son entrée, une échancrure étroite, s’ouvre dans la partie droite du pignon et donne sur la banquette supérieure.

 

 

Notre bâtisse s’appuie sur une cabane circulaire qui donne sur la banquette inférieure. Le linteau de l’entrée est une belle dalle choisie pour sa forme arquée. L’intérieur de l’édifice est circulaire (3). Il y a trois niches murales pour tout aménagement.

   

Séparée de la précédente par un mur écroulé non visible, se dresse une belle cabane circulaire dont l’entrée donne sur la deuxième banquette et l’arrière repose sur un soubassement circulaire prolongeant le mur de soutènement de la banquette. La forme de cette cabane est remarquable : un cylindre de base, au fruit très marqué et à l’appareil de gros blocs, surmonté d’un 2e cylindre en retrait, lui-aussi au fruit très marqué mais à l’appareil plus petit; ce cylindre est à son tour coiffé d’un monticule conique de dalles empilées obliquement, sans grand soin. Pour la confection de l’entrée, le bâtisseur a monté deux piédroits en très gros blocs, les faisant converger l’un vers l’autre pour se terminer par un arc clavé surbaissé formé par quatre pierres en forme de coin. L’intérieur de l’édifice est circulaire (4). Il y a quatre niches pour tout aménagement. Les trous de boulin de deux poutrelles ayant servi d’échafaudage intérieur sont encore visibles. A l’extérieur, à 1 m à droite de l’entrée, une pierre percée encastrée dans la paroi servait à passer la corde d’attache d’un âne ou d’un mulet.
   

PHOTO 2

Voici le même ensemble, photographié le 12 novembre 1978 par Roger Cheneveau (5). Le résultat du passage du temps et des hommes est patent :
- le pignon de la cabane longiforme à gauche a été démonté et arasé (6);
- le cône pointu de la cabane mitoyenne n’est plus et le linteau de l’entrée a été arraché;
- le sommet du cylindre supérieur de la cabane de droite s’est sensiblement arrondi; une brèche s’est ouverte dans le soutènement de la banquette supérieure.

   

PHOTO 3

Une carte postale, publiée 12 ans plus tard, en 1984, nous donne une meilleure vue de l’état du 3e édifice : le cône de lauses s’est arrondi mais le reste est encore en bon état.

   

PHOTO 4

Enfin, une photo encore plus récente, glanée sur l’Internet, témoigne des ravages causés par les visiteurs du site : des lauses arrachées au cône terminal jonchent la retraite à la base du cylindre supérieur ainsi que les abords du cylindre inférieur; des apprentis-bâtisseurs, juchés sur le cône terminal, ont coiffé celui-ci d’un empilement central de petites lauses.

NOTES

(1) La collection photographique du chevalier de Cessole est conservée par la Ville de Nice à la Bibliothèque de Cessole.

(2) Longeur intérieure : dans les 2 m selon le plan de Roger Cheneveau; cf. note 5.

(3) diamètre intérieur : dans les 2 m d’après Roger Cheneveau; cf. note 5.

(4) Diamètre intérieur dans les 2,50 m d’après Roger Cheneveau; cf. note 5.

(5) Roger Cheneveau, Le terroir des Montets (communes de Caussols et de Gourdon), dans Mémoires de l’Institut de préhistoire et d’archéologie des Alpes-Maritimes, t. 24, 1980-1981.

(6) Faute de connaître l’état initial de la cabane, cet auteur écrit que la « la partie avant semble avoir toujours été ouverte » et pense « qu’elle était destinée aux chiens ou au matériel ». Il s’agissait plus vraisemblablement d’une grangette où l’on serrait provisoirement le produit de la récolte.


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© Christian Lassure
12 août 2008 / August 12th, 2008

 

Références à citer / To be referenced as :


Christian Lassure
Série : Vicissitudes des cabanes en pierre sèche (Series: Vicissitudes suffered by dry stone huts)
1 - Dégradations et destructions dues au passage répété de visiteurs (Havoc wrought by encroaching visitors)
http://pierreseche.chez-alice.fr/passages_repetes.htm
12 août 2008

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