COMPTE RENDU

 

Jean-Paul Gourvennec, Vimenet en Rouergue, « Le village aux cent caselles ». Étude du patrimoine pastoral villageois, ouvrage à compte d'auteur, 2009, 300 p.

Compte rendu : Christian Lassure

L'ouvrage en question est un inventaire et une étude des cabanes en pierre sèche présentes sur la territoire de la commune de Vimenet, en Aveyron.

Jean-Paul Gourvennec, qui a un grand-père aveyronnais natif de Vimenet, s'est attaqué à l'étude des cabanes en pierre sèches présentes sur le territoire de cette commune. Le résultat est un livre de 301 pages consistant en un inventaire détaillé de 107 constructions (240 p.), précédé d'une introduction (58 p.), le tout publié luxueusement sur papier glacé au format 21 x 29,7 et illustré de près de 150 photos en couleur.

À la consultation des fiches descriptives, plusieurs choses nous ont frappé

.Il y a la modestie architecturale des édifices : aucun ne ressemble à ces grandes cabanes à base cylindrique surmontées d'un couvrement conique que l'on rencontre en d'autres points du département ou dans le Lot et la Dordogne. Il s'agit principalement de petites cabanes de plan subrectangulaire ou en U ou en fer à cheval, ouvertes sur un petit côté et couvertes (quand elles ne sont pas ruinées) de deux encorbellements se rejoignant au faîte ou d'un plafond de dalles ou encore de quelques pannes supportant des lauses.

Il y a également l'état de dégradation avancée des vestiges, symptôme certes du passage du temps mais aussi de leur piètre construction. Dans bien des cas, il ne reste que quelques murs bas où l'on devine plus ou moins le tracé originel.

Mais en dehors des caractéristiques inhérentes aux bâtiments, la présentation et l'interprétation dont ils sont l'objet nous laissent dubitatif.

.Il y a tout d'abord l'emploi systématique du terme « caselle » pour désigner les bâtiments et leurs vestiges alors que des informateurs locaux,  loins d'employer ce terme, ont livré à l'auteur la désignation authentique, à savoir « cabane », suivi soit d'un adjectif descriptif - « la cabane longue », « la cabane carrée » – soit d'un complément de nom – « la cabane à Manette » (du nom d'une bergère du milieu du XXe siècle), « la cabane à Charrié », « la cabane d'Argentier », etc. (du nom du propriétaire et utilisateur). Si les utilisateurs de ces abris champêtes les appelaient « cabanes », rien ne justifie de travestir la réalité terminologique en imposant le terme « caselle » et en donnant à celui-ci une valeur générique si bien qu'un abri de chasse subactuel érigé sur un pierrier devient une « caselle « abri de chasse » et qu'un « oustalet » ayant servi d'entrepôt à châtaignes dans une châtaigneraie se voit lui aussi qualifié de « caselle ».

Pour ce qui est de la fonction des bâtiments, l'utilisation pastorale est mise en première place alors qu'il est patent, au vu des descriptifs, que la plupart de ces structures sont incluses en partie ou en totalité dans des pierriers (clapas) ou y sont accolées et que certaines sont construites dans une muraille de séparation ou bien accolées à celle-ci, et sont, pour ces raisons, nécessairement le résultat de la création, du dérochement et de l'épierrement de champs et d'enclos, activités qui seules peuvent livrer les quantités de pierres nécessaires à leur édification. Rien n'interdit de penser que ces cabanes n'ont servi d'abris à des bergers que très tardivement, au XXe siècle, après cessation de la culture des parcelles où elles se trouvaient, selon un schéma classique qui a été étudié dans d'autres régions.

Il est difficile de croire qu'à Vimenet, aux XIXe et XXe siècles, il n'y avait que des bergers. Un certain nombre de faits montrent que certaines structures en pierre sèche étaient associées à la vigne. Ainsi la « caselle No 12-303-D2-Cs.67 », dont la morphologie ne diffère pas de celle des « abris de bergers », est donnée comme « maison de vigne » par un informateur, et se trouve à l'angle d'un pré autrefois en vigne et qui s'appelle toujours « la vigne ». De même, la « caselle No 12.303-C1-Cs.94 », une sorte d'abri sous roche, est située en haut d'une parcelle enterrassée où poussent encore quelques pieds de vigne. Les « prés ceints d'un mur de pierre sèche », les « prés clos » ne sont peut être que le dernier avatar de clos de vigne. Outre la vigne, d'autres cultures devaient exister (froment, seigle), l'étude des matrices cadastrales aurait permis d'y voir plus clair.

Rappel du sommaire de l'ouvrage :

- Présentation de la commune de Vimenet
- Données environnementales (géologie et géomorphologie, faune, flore)
- Historique de la construction en pierre sèche (habitations, cabanes)
- Morphologie d'étude (prospection, description, représentation)
- Inventaire (localisation spatiale, typologie)
- Historique et témoignages
- Réflexions et conclusions générales
- Bibliographies et sources
- Bibliographie générale
- Glossaire
- Annexes
- Fiches descriptives, photos et croquis des caselles, clapas et murs.

L'ouvrage est en vente au prix de 28 euros à l'adresse de l'auteur : Jean-Paul Gourvennec, place du Cayre - 12310 VIMENET (courriel :  ppgourvennec@free.fr).


Pour imprimer, passer en format paysage
To print, use landscape mode

© Christian Lassure
5 mars 2012 / March 5th, 2012

Référence à citer / To be referenced as :

Christian Lassure
Compte rendu de : Jean-Paul Gourvennec, Vimenet en Rouergue, « Le village aux cent caselles ». Étude du patrimoine pastoral villageois
http://pierreseche.chez-alice.fr/compte_rendu_vimenet.htm
5 mars 2012

page d'accueil