Série : Cartes postales anciennes montrant des cabanes en pierre sèche

49 - LA MAISON DE L'ERMITE DU PUY DE PAULIAC À AUBAZINE (CORRÈZE)

Series : Old Postcards Showing Dry Stone Huts

49 - THE HOUSE OF THE PUY DE PAULIAC HERMIT AT AUBAZINE, CORRÈZE

Christian Lassure

Plusieurs cartes postales des années 1900 (1), appartenant pour la plupart à la série « La Corrèze Pittoresque », sont consacrées à ce qu'elles appellent « l'Ermitage » et « l'Ermite » du « Puy de Pauliac » à Aubazine en Corrèze (2). Est-ce la proximité du bourg et de son patrimoine architectural cistercien qui a influé sur le choix de ces désignations par l'éditeur des cartes, toujours est-il que notre ermite vivait non pas seul mais avec sa femme, avec qui il pose, dans une des cartes, devant l'entrée de leur habitation. Le couple, qui est âgé au moment de la photo, est en sabots et en tenue paysanne de l'époque : l'homme est vêtu d'un sarrau et d'un chapeau, son épouse porte un tablier à poches et un chapeau de paille à large bord. Leur habitation ne respire pas l'aisance et, avec les diverses annexes visibles sur les cartes, relève manifestement de l'autoconstruction : pierres brutes de gneis liées vraisemblablement avec du mortier de terre pour la maison, pierres brutes assemblées sans mortier pour les dépendances.

 

Derrière le couple, se dresse le pignon-façade de leur habitation, grande pièce unique de plan rectangulaire, creusée en partie dans le talus et couverte d'un toit à une seule pente vraisemblablement en matériaux végétaux sauf sur les rampants. L'âtre se trouvait derrière la grande dalle devant laquelle se tient la paysanne. Au-dessus du linteau de l'entrée, il semble y avoir un pigeonnier.

Pour en savoir davantage sur l'ermite et ses œuvres, il faut se tourner vers l'abbé F. Brousse, auteur en 1953 d'une plaquette sur l'histoire, les monuments et les sites d'Aubazine (3) :
« Sur le même versant [que le dolmen de Rochesseux au Puy de Pauliac] : l'ERMITAGE, curieuse construction, ou plutôt ensemble de constructions en pierres plates posées les unes sur les autres sans ciment ni mortier. Il y a une maison d'habitation, une écurie, un fenil, un four, deux pigeonniers, des étables à lapins, le tout d'un curieux effet. Ce hameau liliputien est l'œuvre d'un homme désabusé qui a réussi à défricher ce coin de terre. Il est regrettable que les ronces et les genêts en rendent la visite très difficile ».

 

Dans cette vue d'ensemble, on aperçoit,
- dans la partie gauche de l'image, le pignon-façade de l'habitation,
- au centre, le couvrement, couronné d'un épi, d'une dépendance à étage (sa partie basse est cachée par le massif abritant les clapiers),
- à droite, ce qui ressemble à une meule de foin,
- au premier plan, en contrebas d'un mur de soutènement, un jardin protégé de la dent des animaux par une clôture de piquets et une bordure de pierres posées de chant.

 

Vue d'ensemble d'une autre partie du site, Si la piètre qualité de la numérisation rend difficile l'identification des éléments visibles, on remarque cependant :
- à l'extrême gauche, le bâtiment à étage avec son épi de faîtage,
- vers le centre, un appentis bâti en pierres sèches, couvert de matériaux végétaux lestés de grandes perches,
- à l'extrême droite, un mur de clôture avec une entrée de jardin fermée par une porte en bois.
Le personnage fantomatique juché sur le plus haut point du chaos de rochers serait l'ermite.

La description et les explications de l'abbé Brousse viennent à point nommé pour lever le voile sur l'ermite. Mais il y a mieux, notre homme avait un nom : Verlac, ainsi que nous l'apprîmes lors d'une enquête et d'un relevé effectués sur place en octobre-novembre 1980 (4). On nous rapporta aussi les conditions de sa disparition : sur la fin de sa vie, il ne vivait plus que de la charité de ses voisins compatissants. Un de ceux-ci lui ayant apporté une tourte de pain à peine sortie du four, Verlac, qui littéralement mourait de faim, la mangea tout entière, encore chaude. Il n'y résista pas, on le trouva mort le lendemain.

 

Dans cette carte, l'ermite pose, accompagné d'une chèvre, en haut de l'escalier qui mène à un grand massif de pierre abritant diverses niches. Le front du massif présente une configuration différente des vestiges visibles actuellement. Les deux constructions qui le surmontent à gauche semblent être des pigeonniers. En haut à gauche, se dessine le sommet de l'édicule à étage avec son épi caractéristique.

Alors que les constructions sont en train d'être restaurées par une entreprise locale (5), nous espérons que ces quelques notes, publiées 35 ans jour pour jour après notre enquête sur le terrain, éviteront, la dissémination par une association locale de la fable d'un « village médiéval » « d'avant le XIIe siècle » et ayant échappé curieusement à l'administration des Monuments historiques (6).

 

Contrairement à ce que la légende laisse supposer, cet édifice étroit, à un étage, est non pas « la Maison de l'Ermite » mais vraisemblablement une cave surmontée d'un fenil ou d'un grenier, la pièce du bas (prof. : 2,50 m, larg. max. : 70 cm, haut. : 1,50 m) étant creusée dans la roche et plafonnée de grandes dalles, la pièce du haut (prof. : 1,95 m, larg. : max. : 1 m, haut. restituée : 1,15 m) étant voûtée par encorbellement et ayant ses parois jointoyées avec de la terre. Quant à l'habitation proprement dite, les dimensions intérieures étaient 4,15 m x 6,37m pour une hauteur de.gouttereau de 1,88 m en aval et de 3 m environ en amont.

NOTES

(1) Ces cartes postales sont en ligne sur le site « Images de la Corrèze » à l'adresse https://sites.google.com/site/imagesdelacorreze5/--en-montant-vers-le-puy-de-pauliat.

(2) Aubazines (ou Aubazine ou encore Obazine) est une commune du sud-ouest de la Corrèze. Le Puy de Pauliac (ou Pauliat), est un des points les plus hauts de la commune (524 m). Les vestiges de la « maison de l'ermite » se trouvent au sud-ouest de la table d'orientation du Puy de Pauliac.

(3) Abbé F. Brousse, Obazine en Bas-Limousin. Historique. Monuments. Sites, Tourisme, 7e édition, Imprimerie Orfeuil, Tulle (1re édition en 1953), 36 p., en part. p. 32.

(4) Les 31 octobre et 1er et 2 novembre 1980, nous avons procédé à un relevé coté et à une couverture photographique des vestiges encore en place à l'époque.

(5) Société Lithic, Puy-la-Done, 19190 LE CHASTANG.

(6) Association HARPAU (Histoire et archéologie en pays d’Aubazine). La promotion des vestiges se fait sous le nom revu et corrigé d'« ermitage de Roche Bergère ».


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© Christian Lassure

1er novembre 2015 / November 1st, 2015

 

Référence à citer / To be referenced as :

 

Christian Lassure

Série : Cartes postales anciennes montrant des cabanes en pierre sèche

49 - La maison de l'ermite du Puy de Pauliac à Aubazine (Corrèze) (The house of the Puy de Pauliac hermit at Aubazine, Corrèze)

http://pierreseche.chez-alice.fr/cabanes_et_cartes_postales_49.htm

1er novembre  2015 - complété le 15 novembre 2015 - le 16 août 2018

 

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