CABANE DITE « DE CYPRIEN » À MONTBRUN-LES-BAINS (DRÔME PROVENÇALE) HUT KNOWN AS CYPRIEN'S HUT AT MONTBRUN-LES-BAINS, DRÔME PROVENÇALE Jean Laffitte Cette grande cabane construite sur le versant Nord de la Montagne d'Albion, est située à 1153 m d'altitude, au lieu-dit « l'Adret de Chamoussière», au-dessus du vallon de Fourcheyure. Elle est orientée Est Sud-Est.
Son style est très différent de celui des cabanes de la commune voisine de Ferrassières et des communes proches du Revest-du-Bion, Saint-Trinit, Aurel. Il s'agit certainement de l'œuvre d'un professionnel. Bâtie en plein bois à proximité de versants et de falaises escarpés, elle ne semble pas devoir être rattachée à une activité agricole ou pastorale. On ne trouve pas de restanques à proximité. On peut supposer qu'il s'agit d'un pavillon de chasse ou d'une cabane pour l'exploitation forestière. Sa technique de construction fait penser aux cabanons du Vaucluse ou des Alpes-de-Haute-Provence et plus particulièrement à ceux de Mane ou de Forcalquier. Extérieur De plan circulaire, cette cabane est pourvue d'un couloir d'entrée non couvert relativement long (9,30 m). Elle a un aspect massif du fait d'une voûte qui n'est pas élancée mais plutôt surbaissée. Le fruit du bâtiment est peu prononcé. La toiture est recouverte de lauses qui se délitent et glissent.
L'entrée est surmontée d'un arc de décharge fait de lauses clavées.
L'ensemble témoigne d'un savoir-faire achevé. Intérieur On y pénètre par un couloir long de 9,30 m, large de 2,85 m à son extrémité Est et qui va en se rétrecissant jusqu'à 2,53 m à l'entrée de la cabane. Le mur construit au Nord est de 7,50 m de long.
L'entrée de la cabane a une largeur de 1,20 m pour une épaisseur de mur de 1,10 m. La hauteur de l'entrée est de 1,65 m. Elle est pourvue de quatre linteaux en bois. Il reste un gond avec des traces de ciment indiquant que l'entrée était munie d'une porte.
Le plan au sol est parfaitement circulaire : 5,10 m x 5,10 m. La hauteur intérieure est de 4,35 m. La voûte est construite en lauses régulièrement assisées. Un fenestron, bâti dans le mur Sud, servait certainement de poste de tir pour un chasseur agenouillé ou assis. Sous le linteau fendu, une main salvatrice a empilé trois pierres en guise de soutènement.
Une niche plus petite est aménagée dans le mur opposé. On n'y trouve aucun autre aménagement (banquette, cheminée, pierre-anneau) Graffitis Sur la dizaine de graffitis recensés à l'intérieur de la cabane, seuls sept ont pu être déchiffrés. Ils sont soit écrits au crayon à la mine de plomb soit gravés avec un objet pointu comme un clou à ferrer les chevaux par exemple. 1 "Le 25/9/59 Borel Raphaël », gravé avec un objet pointu. 2 « Monique Raphaël », gravé avec un objet pointu. 3 « Au brave Louis Chanas né en 1894 et mort pour la France et pour la patrie 1914 19... », écrit au crayon à la mine de plomb.
4 « Martel Amédée né à puerto cabello Vénézuéla 1895 », écrit au crayon à la mine de plomb.
5 « Barruol Louis le 5 septembre 1930 », écrit au crayon à la mine de plomb. 6 « 1-6-06 G.F. 14-10-09 A Cyprien 35 ans », écrit au crayon à la mine de plomb.
7 « ...1903...Montbrun », écrit au crayon à la mine de plomb. Graffiti n° 1 : Raphaël Borel est né en 1938 à Barret-de-Lioure. Ses parents, Marie-Rose et Elie Borel, étaient agriculteurs. Il est passé dans la cabane à l'âge de 21 ans et y a gravé le souvenir de son passage. Graffiti n° 3 : Sur la liste des soldats gravée sur le monument aux mort de Montbrun-les-Bains, Drôme provençale, on trouve le nom de Louis, Jean Chanas, né le 16 novembre 1894 à Bourg-les-Valence et mort le 14 mai 1915 à l'âge de 21 ans. Ce graffiti est écrit « in memoriam ». Graffiti n° 4 : Il a été écrit par un certain Amédée Martel, né au Vénézuéla et plus particulièrement à Puerto Cabello. Nous retrouvons sa trace sur une plaque commémorative (photo Stéphane Protois) située à l'entrée du lycée de Caracas, au Vénézuéla, portant l'inscription suivante : « Aux Vénézuéliens et aux Franco-Vénézuéliens morts pour la France ». Suivent les noms de 14 personnes mortes au combat durant la guerre de 1914-1918. Sur cette liste apparaît le nom de Martel Amédée, Ernest, né le 18/11/1895 à Puerto-Cabello et tué à l'ennemi le 27/10/1917, à la côte 1248 à Bitola, au Nord de Monastir en Macédoine, ex-Yougoslavie. Il faisait partie, en tant que soldat, du 210e Régiment d'Infanterie, 76e DI, de l'armée d'Orient Sarrail. Il est mort à l'âge de 22 ans. Ce graffiti ne nous dit rien de la date à laquelle il a été écrit. Le patronyme Martel est fréquent dans cette région de Provence et, à n'en pas douter, c'est lors d'une visite familiale à Montbrun-les-Bains ou dans un village proche, qu'Amédée Martel est passé dans cette cabane avant que la guerre de 1914-1918 n'éclate.
Graffiti n° 6 : Écrit à la mine de plomb sur une pierre à l'extérieur de la cabane, sur la droite de l'entrée, il est facile à lire. C'est à partir de lui que cette cabane est maintenant connue sous le nom de « cabane de Cyprien ». Les dates « 1-6-06 » et « 14-10-09 » sont peut-être à rattacher non pas au début du siècle dernier mais au début du XXIe siècle. Seul le prénom de Cyprien, peu usité de nos jours, pourrait permettre de penser que nous sommes bien au début au XXe siècle. Graffiti n° 7 : Il porte la date la plus ancienne gravée dans la cabane : 1903. Les écrits gravés de part et d'autre de cette date sont illisibles. Il pourrait s'agir de la date d'édification de la cabane. Pour imprimer, passer en format paysage To print, use landscape mode © Jean Laffitte Référence à citer / To be referenced as :
Jean Laffitte |